mercredi 30 novembre 2005

riz gluant

On arrive en général dans un pays étranger avec de grosses valises , comme autant de parcelles de chez soi (en espérant secrètement reconstruire le même, en mieux ou du moins en plus exotique), contenant, rangés entre les brosses à dents et les petites culottes, de nombreux clichés sur le dit pays, mièvres ou attractifs, et pour aller avec, la quasi-certitude, que non seulement notre façon de faire est la seule (qu’on connaisse), mais aussi la seule (valable).


Depuis trois mois que nous sommes ici, nous avons appris pas mal de choses. Par exemple, une des premières expressions que nous firent rapidement nôtre à Tokyo est une petite phrase entendue 1856 fois, qui non seulement se retient bien (en même temps, après 1856 fois…) mais se place partout et à tout propos : « sô desu ne » (se prononce sodessné), et sa variante interrogative « so desu ka? »(sodesska?). Littéralement « alors c’est vraiment », on peut la traduire par « c’est ainsi » ; c’est un équivalent de notre « ah oui », ou encore « mhmh » selon le sexe de la personne qui parle : les garçons font « mhmh » quand on leur parle, tandis que les filles ponctuent la conversation de rires cristallins, de mains dans les cheveux, de retouche-gloss et de « ah bon? », de « ah ouais! » et de «vraiment? ».


Une autre chose que l’on a appris, et qui est valable ma foi all over the world, est que ce qu’on prenait de prime abord pour du folklore, de l' excentricité ou une furieuse envie de faire son intéressant, n’est qu’en fait du pur bon sens national.

Ainsi, si les japonaises portent des collants sans pieds, ce n’est pas parce qu’elles ont adoré Flashdance, mais parce qu’il existe un nombre impressionnant de raisons de se déchausser la journée : on se déchausse chez soi, chez les autres, au travail, à l’école et on change de tatanes au toilettes (ceux qui suivent le savaient déjà). Ajoutez à cela un chauffage par le sol et un parquet très beau mais très glissant et tout s’explique.

De même on croit tous que ce sont les japonais qui ont inspirés à Mickaël Jackson ce masque protégeant nez et bouche ; et pourtant on se rend vite compte, qu’ils le font uniquement en cas de grippe, rhume ou que sais-je encore, pour mettre leur appendice nasal hors d'état de nuire, et non comme M.Jackson, parce que de nez il n’a plus et qu’il ne veut effrayer personne.


Nous avec nos sourires de gaidjins, on se disait que la maniaquerie avait été inventée par les nippons, en les voyant recouvrir tous les soirs leurs sacs poubelles impeccablement rangés sous un filet bleu ; quand nous avons fait les frais un beau matin, de nos sacs sans filets saccagés par les corbeaux (ici, point de pigeons, mais d’énormes corbaks qui se repaissent de détritus), et qu’il fallu ramasser pelures de carottes, thé sans sachet et cheveux de salle de bain, on a commencé à comprendre. Idem devant les rayons de housses pour vêtements, on trouvait que cette manie de l’emballage confinait à l'obsession maladive voire à une forme extrême de psychorigidité ; mais maintenant que l’automne est là, avec son énorme taux d’humidité gorgé dans le bois qui transforme nos armoires en réservoir à pulls qui sentent le moisi, je saisi l’intérêt du plastique étanche.


On s’est aussi un peu moqués quand on a su que les japonais ne faisaient pas de brocantes, du moins à proprement parler, car ils ne supportent pas les choses usées, même si elles ne le sont que peu d’ailleurs, mais l’idée de seconde main leur est insupportable. Et depuis qu’on utilise une machine à laver japonaise, qui ne lave qu'à froid, ben oui, et une lessive japonaise qui donc par voie de conséquence est très corrosive, et que je rajoute du détachant car non, le feutre à froid, ça part pas, et que je vois la tête de nos vêtements, je commence à saisir la notion de plaisir associé au neuf et la notion d’arnaque associée au déjà porté.


C’est ainsi depuis trois mois, on se nipponise, je porte des collants sans pieds et on range nos poubelles. Nos toilettes sont dans le couloir, loin du chauffage principal, et donc plutot fraîches ; depuis quelques jours, on a allumé le chauffe lunette des gogs, qui nous faisait bien poiler, « ah n’importe quoi, comme si quelqu' un t’avais chauffé la place, non mais quelle horreur, de toutes facons, on reste pas des heures ! ». Désormais, on l’ utilise avec bonheur et délectation...
Les gogs chauffants ? So desu ne!

lundi 28 novembre 2005

La prune qui pue la crotte


Premier jour de crèche aujourd'hui pour Judith-chan, qui a commencé son adaptation au Day care center, à trois pas (allez, dix), de l'école de Garance.
Accueillies par Kanaï, nous avons retrouvé les locaux précédemment visités, une grande pièce principale aux tapis de jeux épars, un coin repas, petit mobilier taille enfant, le tout sous un plafond peint de ciel bleux et nuages cotonneux.
Kanaï est la manager en chef, c'est aussi la seule qui parle anglais, et de ce fait, mon principal interlocuteur. Judith s'est déchaussée et a senti le vent tourner alors que je gardais mes chaussures. Elle a réclamé les bras, et je lui ai dit dans un dernier câlin, non je ne te prends pas, car je vais m'en aller, mais toi tu vas rester et jouer, et puis je reviendrais tout à l'heure te chercher.
Etonnante Judith qui a vraiment pris sur elle, n'a rien dit et s'est laissée prendre dans les bras ; bye bye mummy, j'ai filé et elle m'a regardé partir sans broncher mais avec un regard lourd de sens.
Judith-chan a un peu pleuré ensuite, mais a retrouvé vite son sourire pendant la ballade en extérieur, a ramassé glands et feuilles mortes avec ses petits copains ; puis retour à la crèche où la vue des locaux décidément sans maman à l'horizon l'a replongé dans sa tristesse. Et puis, "gambaru", (en japonais, on dit souvent aux enfants "gambatte!", qu'on peut traduire par "courage!" mais qui a la subtilité de souligner que cela demande un certain effort ; Kanaï a donc trouvé Judith particulièrement méritante), elle a encore pris sur elle et a décidé que ça irait, elle a joué puis dégusté la cuisine japonaise des nannys : "elle en a repris", m'a expliqué Kanaï, que j'apelle Canaille en mon fort intérieur, et elle m'a ensuite tendu un compte rendu détaillé de sa matinée, que j'ai signé et dont elle m'a remis le duplicata très officiel. On est loin des "oui ça a été" évasifs des nounous à l'heure des mamans.
Avant de partir, Kanaï m'a expliqué que Judith avait ramassé un petit...un petit quoi? Elle ne connait pas le mot anglais et moi le japonais ne m'évoque pas grand chose. Elle est alors allé chercher ce petit machin que Judith a ramassé au parc et qu'elle a tenu à garder durant tout le chemin du retour.
C'est une petite prune, toute ridée, de la taille d'une grosse noisette. Kanaï m'explique que ce petit fruit a une particularité étonnante, celle de sentir le caca. Oui. La prune sous le nez, je confirme, et c'est même bluffant de sentir autant la crotte quand on n'est qu'un fruit.
D'ailleur ajoute Kanaï, c'est un fruit comestible. Humhum. Moi qui n'ai pas encore mangé j'en reste baba et voudrais pas jouer à Koh Lanta dans les parcs japonais....
Judith et moi repartons, enlacées, et Judith-chan répète en boucle "ça sent la crotte, ça sent la crotte..."
Avis aux amateurs.

dimanche 27 novembre 2005

Design Festa

La Design Festa est la grande foire biannuelle du grand n’importe quoi. Cela se passe dans le Tokyo Big Sight qui est une sorte de parc des exposition en forme de pyramide plantée dans le sol sur l’ île artificielle d’Odaiba.

La Design Festa est une exposition ouverte à tous où l’on peut , moyennement quelques milliers de Yens, louer un stand pour y exposer, durant deux jours, ses créations. Il y a des peintres, des illustrateurs, des photographes, des créateurs de bandes dessinées, des designers de tout et de rien, des performers, des musiciens etc.
Il y avait des gens bizarres, des gens deguisés en panda, d'autres avec des poulpes sur la tête.

On pouvait même croiser dans les couloirs des êtres étranges:

C'est un peu comme si tous les tarés et les barges de Tokyo s'étaient donnés rendez vous pour un grand concours de n'importe quoi. Ceci dit des fois c'est vraiment très drôle.
Au passage, des japonais essayant sans vraiment de succès de jouer avec une toupie géante et une voiture. Sur la scène extérieure on a même pu assister à un mini concert d'un groupe de trash metal assez bon, qui changeait radicalement des standards J-pop assez insupportables ici. Puis également au rayon musique, un joueur de Theremin.
Il y a vraiment de tout, du bien et du n’importe quoi. On a même assisté à une performance de strip tease bondage devant un parterre de japonais la bouche ouverte et l’appareil photo vissé sur l’œil.


Mais le plus important c'est que Gaëlle s'est fait un nouvel ami :

jeudi 24 novembre 2005

Satsuma imo

Dans ce blog on essaye à chaque fois de vous raconter notre vie au japon en étant très drôle voir désopilant et en racontant des petites histoires sur les bizarreries des habitants de ce pays. Cela va cesser. Aujourd’hui nous allons reprendre ensembles les dates clé de l’Histoire des shogunats du Japon et les différentes dynasties, en essayant, autant que faire ce peut, de rester le plus fidèle possible à la vérité historique. Quelques précisions tout d’abord: les samouraïs c’est du pipo, c’est juste une trouvaille de je ne sais plus quel empereur pour booster le moral de ses guerriers qu‘il trouvait trop mou du genou. Ensuite Hara kiri c’est un juste un journal de gauchistes (parfaitement m‘tresse, tu as très bien lu), et la tradition de se découper les intestins avec un couteau à pain géant ça s’appelle Seppuku. Ces précisions faites on peut commencer l’Histoire du japon. Tout a commencé en 16000 avant christ par des poteries. Comme ni moi ni Gaëlle n’aimons les poteries on va passer sur cette période, nommée époque Jômon. Ensuite, il y a eut les époques Yayoi, Kofun, Asuka, Nara, Heian, Kamakura, Momoyama, Edo, Meiji, Taishô, Shôwa (pendant laquelle je suis né) et enfin l’ère heisei, dite de la paix accomplie, qui a débutée peu après l’ère Mitterrand en France, ère dite du second septennat. Je vous passerais les détails des différents shogunats, les restaurations et la liste des empereurs. Celui du moment s’appelle Hiro Hito et il a marié sa fille il y a peu avec fonctionnaire, tout ce que je sais c’est que son anniversaire est le 23 décembre. A par ça, on est allé il y a quelques temps au temple Meiji Jingu qui se trouve non loin de chez nous à coté du parc Yoyogi. Il faisait beau et c’était le jour de la fête shichi go san (7-5-3) ou les petites filles qui ont 3, 5 et 7 ans vont au temple habillées en kimono pour y parader.
Il avait aussi un spectacle avec des japonais en costume qui déclamaient au son du tambour, ça nous tout de suite fait penser à David, on ne sait pas pourquoi.
On a également assisté au défilé d’un mariage très cérémonial puis on est allé mettre un petit mot sur une petite plaque de bois que l’on a pendu à l’entrée du temple.


Pour terminer par une note joyeuse, aujourd’hui c’était la fête des patates douces à l’école de Garance-chan. Je l’ai emmené ce matin et les professeurs (qui avaient un fichu sur la tête et un masque sur le nez) avaient allumé un grand feu de feuilles mortes au centre de la cour et les enfants venaient y jeter (des livres d'Alexandre Jardin) des morceaux de journaux. Pendant ce temps d’autres maîtresses enroulaient les patates douce dans du papier alu pour les faire cuire à la braise. Gaëlle-san et Judith-chan sont venues un peu plus tard à l’école pour les déguster, mais ça c’est elles qui vous le raconteront.

mercredi 23 novembre 2005

Claquettes en plastique caca d'oie

Je vous en parle souvent, enfin les voici


mardi 22 novembre 2005

Heidi

Le dimanche c'est un peu la fête, alors les japonais bloquent la circulation et marchent dans la rue et c'est ce qu'on a fait. On est allé faire un tour dans des derniers fameux quartiers de Tokyo ou l'on n'avait pas encore mis le pied: Akihabara.
Akihabara c'est le repère des Otaku, qui sont de jeunes vieux garçons japonais qui passent leur vie à contempler les objets de leur désirs que sont leur ordinateur et leur collection de figurine d'idoles japonaise. Bien évidemment Akihabara est leur endroit puisqu'il y a la la plus grande concentration au monde de magasins d'ordinateurs et de figurines en plastique. On y est allé pour voir et aussi pour acheter une palette graphique pour les cocottes (les 3) puissent dessiner sur l'ordi.

On a passé une heure dans un magasin de figurines à claquer plein de yens puis on a admiré dans la rue ces magnifiques japonaises déguisées en Heidi, en robe de servante 19eme sexy. Il fait frais à Tokyo en ce moment (quand même pas les -9°C d'Aurillac mais quand même), et les pauvres étaient plantées en plein milieu de la rue à distribuer des flyers de pub devant une cinquantaine d'otaku munis de leur gros... appareil numérique à shooter comme des malades. Et elles se pelaient les Heidi, les cuisses bleues en témoignaient. Je ne sais pas vraiment d'ou viens cette passion qu'on les japonais pour les tenues de soubrettes 19eme, j'ai demandé à mes collègues sans obtenir de réponses. C'est quand même assez étrange qu'un peuple entier fantasme sur le même mode, c'est un peu comme si on voyait le samedi apres midi sur les parkings de carrouf ou de cora des midinettes déguisées en bigoudaines avec porte jarretelles en train de défiler devant un parterre de garçons la langue pendante.




samedi 19 novembre 2005

Goth

Il était quatorze heure, j’étais dans mon bureau, mollement avachi devant mon ordinateur, le seul encore éveillé. En effet, je suis le seul Français dans mon bureau, et les Japonais après le déjeuner font la sieste. Pas comme un Espagnol, non, juste une petite sieste, le front sur le clavier, un filet de bave se rependant entre la touche ctrl et la barre d’espace. Les Anglais, ces fourbes, appellent ça nap, nous on n’a pas d’équivalent. Ça fait toujours louche quelqu’un qui s’endort comme ça et n’importe ou. Les Japonais en sont spécialistes, ils sont capables de rentrer dans un sommeil profond entre deux stations de metro, ou lors d’une réunion, ce qui est très fréquent.
Bref, il est deux heures, mes collègues dorment, et une voie masculine, assez grave, retentit dans le haut-parleur. Ici il y a des haut parleurs partout pour pouvoir donner l’alarme tremblement de terre, à moins que ce soit pour pouvoir, au cas où diffuser le dernier single de Sirubi Barutan au Japon entier. En plus tous les soirs a cinq heure pile ils essayent leur système audio en envoyant une petite musique, qui en général n’est pas du Sirubi Barutan. Donc, revenons à l’essentiel, je suis dans mon bureau et la voie grave me dis en japonais puis en anglais que je dois sortir immédiatement de l’immeuble parce qu’ils font un exercice sécurité incendie. Alors là, ni une ni deux moi je réveille mon copain de bureau et je lui dis Banco, on y va tous ensemble, dans un esprit de corps et de franche camaraderie. Et là, il me réponds du tac au tac, vas-y man, moi je suis de corvée nettoyage de la salle blanche et donc j’en suis dispensé, et tous les autres aussi prétextent une excuse a 100 yens. Donc me voilà, brave garçon sur le terrain de foot de l’IIS en compagnie de 600 japonais, aligne en rang en train d’écouter le directeur de l’IIS déguisé en pompiers en train de parler, et je ne sais pas de quoi. Au final tout ceci n’est vraiment pas très intéressant, et je ne sais pas non plus pourquoi je vous en parle. Il y avait, ceci dit, un exercice de simulation de tremblement de terre et un parcours dans une tente enfumée. Et bien non, je n’ai pas essayé.

Avant de terminer cet post inintéressant au possible, une information pour relever le niveau, quand il fait froid a Tokyo les jeunes Goth japonais n’ont pas honte de porter une couverture Winnie l’ourson. J’espère que cela vous donnera espoir.


jeudi 17 novembre 2005

beaujolpif

Aujourd'hui c'est le beaujolais nouveau et comme on est Français on se doit de le célébrer dignement. A cette occasion mon laboratoire, le LIMMS, a préparé une jolie petite enveloppe et réservé une salle de réunion pour montrer à nos amis nippons ce qu’est l’art de vivre à la française. On a donc fait les courses entre collègues dans le supermarché sous la gare de Shibuya et dépensé l’équivalent du salaire d’un cadre en fromage et en pinard. Une après midi de tartinage auquel j’ai échappé pour me rendre à un cours obligatoire sur la politique du recyclage des déchets à l’université de Tokyo. Le cours était en anglais (ouf) mais le guide du recyclage des déchets à usage des utilisateurs des moyens techniques de l’université de Tokyo était entièrement en Japonais, ce que notre débonnaire professeur a reconnu être complètement idiot vu qu’aucun d’entre nous n’est capable de lire ne serait ce que trois phrases de japonais. S’en est suivie un petit devoir surveillé sur l’art de bien jeter les poubelles et les produits chimiques, pour lequel le débonnaire professeur a bien pris soin de nous donner les réponses avant pour je le cite « ne pas a avoir à vous revoir une seconde fois ». Une petite visite de l’incinérateur de l’université de Tokyo et j’aurais ma licence, ce qui me donnera le droit de pouvoir descendre les poubelles du bureau. Une fois la salle installée et les 80 plateaux de fromage disposés on a débouché nos bouteilles de beaujolpif devant un parterre de japonais l’oeil brillant devant cette débauche d’art de vivre à la française. Alors cette année le beaujolpif a un goût de banane et de mûres sauvages et attaque l’estomac d’une manière assez habituelle pour du beaujolais nouveau.
Au fur et a mesure de la soirée j’ai vu mes collègues passer du jaune au pivoine puis au carmin. Gaëlle m’as rejoint avec les filles qui se sont très bien tenues (pas de cacapute ni de cacaboudin ce soir). Je leur ai fait visiter mon bureau composé d’un amoncellement d’ordinateurs, de tenues de Kendo, de tatanes en plastique caca d’oie et de cartons plein à craquer de mangas. Puis je suis retourné finir les fonds bouteilles. A 20 heures précises, Toshiyoshi sensei a frappé dans ses mains, et tout le monde s’est mis a ranger frénétiquement et à aspirer la moquette, la salle a retrouvé sa fraîcheur en moins de dix minutes. Il restait juste dans les couloirs de l’institut cette entêtante odeur de vinasse.

Tout cela est fort sympathique, mais je suis conscient du fait que je risque de lasser certaines de nos lectrices en ne montrant pas de photos de miss kitty, alors voila pour m'excuser :

mardi 15 novembre 2005

Alors, c'est la guerre?

Comment expliquer aux japonais ce qu'il se passe en France. Ils ne comprennent pas, vraiment pas. Au Japon un tel phénomène est impensable. Il est bien sur idiot de vouloir comparer deux pays qui n’ont pas la même histoire, mais le décalage est quand même vraiment surprenant. Au Japon on peut laisser traîner de l'argent par terre et revenir le récupérer la semaine suivante, au même endroit. Ici il n'y a pas de système antivol dans les magasins, il n' y a pas non plus de vols ni de banlieue, pas de voitures qui brûlent ni de CRS. Au Japon, il n' y a pas de balayeurs qui balayent la rue puisque ici on ne jette pas ses mégots par terre, et on ramasse les crottes de son teckel à poil long. Il y a quand même des policiers, la koban, il y a aussi des types en uniformes partout qui surveillent, dans les parkings, dans le métro, devant les magasins, mais il ne se passe jamais rien alors ils se morfondent. Ici la police affiche dans les rues les informations et statistiques des crimes et délits. Il y a eut 5 vols pendant le mois de septembre dans un des arrondissement de Tokyo (qui est sûrement plus peuplé que Paris). Alors comment leur expliquer qu'en France les jeunes brûlent les voitures, les écoles et les bus. Le décalage est trop important. Ce matin Norito, une jeune maman japonaise francophone de l’école de Garance a demandé à Gaëlle : « Alors, en France, c’est la guerre? Et tu n’as pas peur pour ta famille? ». Ce à quoi Gaëlle a répondu qu’une grande partie de sa famille était responsable des émeutes violentes et des centaines de voitures calcinées à St Sylvestre Pragoulin. Alors Norito a répondu « So desu ka? », c’est-à-dire « ah bon? ». De mon coté c’est la même chose, mes collègues quand ils ne font pas V avec les doigts, me regardent droit dans les yeux avec un air affligé et me demandent « Mais ils se passe quoi en France? », s’ensuit une longue tirade qui commence par la fracture sociale, le mal être des banlieues et l’échec de l’intégration républicaine et finit en concluant que c’est la faute des Anglais. Puis après quelques instants de réflexion et en se grattant la tête, ils me proposent de goûter un petit gâteau à la pâte de riz fourré de purée de haricot rouges.

La politique au Japon, ça se résume souvent à ça:

lundi 14 novembre 2005

Salière poussin

Charmant petit week end à Tokyo. Il fait beau, frais et beau, et le doux automne nippons que l’on attendait tant est bien la. Automne ça rime pas avec chocolat et c’est bien dommage.
Comme nous sommes d’attentionnés parents, nous avons décidé de prendre soin de nos filles. On a commencé par aller déjeuner chez Cheval qui est, je le rappelle pour ceux qui ne suivent pas, notre restaurant préféré. Et, puisque les frimas commencent à arriver (quelque part entre les -3°C de paris et des 31°C de Fortaleza) on est parti à la Mecque des mioches que l’on peut aussi se plaire à nommer le palais de la marmaille ou le temple des chiards. Il s’agit de Akachan Hompo. C’est, vous l’aurez compris un magasin et cela se situe à quelques centaines de mètres de la station Gotanda sur la Yamanote line. Gotanda ça ressemble a Godzilla et ça reste dans la tete. Garance-chan et Judith-chan ont passé l’après midi a dire Gotanda toutes les cinq secondes en l’utilisant à la place de n’importe quel mot (comme schtroumph), un peu usant à la longue. Et comme les cocottes rentrent à l’école il leur faut un trousseau d’école, et au japon c’est pas n’importe quoi le trousseau d’école. On a donc acheté des petites serviettes, des bentos, des tabliers, des lego, une couette, une gourde, un poussin salière pour mettre de l’œuf en poudre, des gobelets à sauce pour le bento, des coussins de siège, une housse de couette rose, une sorte de coussin que l’on doit se mettre sur la tête quand le lombric géant qui habite sous le japon remue un peu, deux paires de baskets avec miss kitty dessus et deux paires de bottes roses.


On est évidemment ressortis avec deux monstrueux sacs en plastique de plusieurs mètres cubes que l’on a accroché à la poussette. Avec ça on avait à peu près l’encombrement d’un char Leclerc (mais sans le canon). Et il a fallu rentrer en métro en passant bien sur par Shibuya à l’heure de pointe, un samedi.
On est épuisé mais nos cocottes sont belles.