Devant le silence intélorable qu'a attrappé mon propos ces derniers temps, je me vois dans l'obligation de détailler par le menu et le moins menu mon petit vendredi. (le premier qui me demande pourquoi je n'illustre pas au lieu d'écrire alors qu'on est vendredi risque de se voir obtenir un commentaire plutot désagréable).
Forte d'une matinée laborieuse, les yeux sur l'écran, les genoux sur le tapis chauffant et la théière à portée de main, je m'avise de rallier Shimokitazawa, fief officiel de mes aprems ininspirées, et pourtant toujours fructueuses, afin de m'y délecter d'une langueur face à la vitre et croquis en plume.
Aujour'd'hui je suis rose et mon humeur à la même couleur, je me sens drôlement gaie, et je divague dans tous les sens, dans ma tête et sur la minus rue qui longe les résidences, cette route si familière où fleurit le prunier, où habite le Dr Kawashima, où la maison à la courette a de jolies tuiles bleues, où le gardien garde une porte toujours close ; une rue minus trop étroite pour y croiser une voiture.
C'est là que bling-blang-bling, a fait ma roue arrière. Je freine, je descends, je constate. Le coup de l'emmêlage de roue ! Encore !! La première fois, c'était moyen drôle. Mais là, c'est pire, c'est mon sandow, mon sandow pratique des courses dans le panier, celui à 4 crochets!!
Je m'installe sur le côté des fois que comme par hasard un camion déménageur ait envie de passer pile à ce moment là, et je m'y colle. Le camboui de la chaine, l'élastique tendu à craquer, les crochets déformés-emmêlés, du bonheur en grappe. Je me relève de temps en temps, découragée, tâchée aussi, évaluant les possibilités d'y échapper. Je lève le nez au ciel des fois qu'un avion d'été portant banderole à message et qui se serait égaré, m'apporte une réponse. Garer mon engin plus loin, revenir plus tard avec l'homme et des outils ? Je serais censée porter mon vélo puisqu'il ne roule plus, merci. Et je me ré-accroupis.
Je me dis que c'est dingue de refaire la même boulette, que c'est moins énervant que tuer un croquignolet châle, mais quand même ; je me dis que la dernière fois, quelqu'un était venu m'aider, je me remémore le gentil garçon du garage, au moment où je me disais que je n'y arriverais pas seule...Je vous jure quà ce moment là la rue était archie déserte.
J'ai dû avoir une pensée magique!
A ce moment très précis, comme après un "salakadoo-lamajicaboo-labibidipabidipoo", dans mon dos, quelqu'un est apparu, a parlé, et m'a demandé (je suppose) si j'avais besoin d'aide. Un garçon surgi de nulle part !! Enfin un grand garçon, un monsieur quoi. Il est bien embêté pour moi, et alors il s'accroupit et s'y colle à ma place.
Je suis confuse, je ne peux même pas taper la discut, ou dire "laissez tomber c'est trop compliqué". Enfin je me suis quand même fendue d'un "muzukashi, ne?" ("t'en chies, hein ?", version polie).
Le monsieur s'acharne, sort son stylo quatre couleur et trifouille les rayons avec. Je m'écrase, et ne sachant que dire de plus, j'attends qu'il se décourage à son tour. Pourtant, et sans se décourager un instant, il est venu à bout de la roue et de l'élastique, et des rayons, et de la chaine, tout ça avec son petit stylo, en cinq minutes, sans suer, sans jurer et sans même se salir.
La suite du vendredi n'est que broutilles, je remercie, je repars, j'essaie une robe à shimo, dommage elle est trop petite, je bossouille au café et je rentre pour une bonne thalasso.
Mais diantre, quelle découverte ! Il suffirait de se dire de sa petite voix intelligible et intérieure "j'aimerais bien qu'un garçon surgisse", pour qu'un garçon surgisse ? Mais, mais, mais.... c'est la révolution!