le soleil dans les yeux
Je chevauchais ce jeudi 1er juin ma monture fidèle et docile dans Uehara, aux environs de 15h.
A Tokyo il fait beau et il commence à faire chaud, c'est à dire que mes bretelles sont redevenues d'actualité. Je devisais avec moi même quant à la demie journée écoulée, à propos de GwenSan, de sobas, du temps qui se fige quand on parle ensemble et qu'on se raconte nos vies.
Je me félicitais d'avoir chassé cette adrénaline surabondante d'hier soir qui m'avait fait voir rouge pour des futilités comme le nettoyage abondant et répété de culottes de petite fille en plein apprentissage, la fatigue de ces demoiselles suite à une journée d'école couplée à l'excitation d'un aprem chez leurs copines (détentrices de trésors innombrables comme leurs dizaines de panoplies de fées princesses et consors) et la perte d'objets chéris tels stylos, lunettes, et cahier de japonais.
Je me disais qu'aucun jour ne ressemblait à l'autre, et que mes jeudis étaient un carburant en or, o combien précieux pour mes nerfs fragiles.
Et puis j'ai avisé une boulangerie qui offrirait à mes ouailles éreintées un réconfort douillet.
Dans la boulangerie il faisait frais, la demoiselle était tellement souriante que pour un peu j'aurais pu penser qu'elle me draguait, et il y avait de la samba en fond sonore.
Je portais pour contrer la clim présente partout mon petit châle brésilien, mon fétiche qui fait voir le monde en couleur soleil, et je profitais de ce havre frais pour m'exclamer (intérieurement) "mais que demande le peuple!?".
Quand je suis ressortie, j'ai trouvé qu'il faisait chaud, un peu trop pour porter un châle, aussi léger et brésilien soit-il, pour pédaler jusqu'à l'école en espérant par la force de mes petites jambes, contrer un retard minime mais imminent. Je l'ai donc remis par devers moi, dans mon panier arrière.
Je roulais, roulais donc, quand mon vélo soudain s'arrête, comme ça tout seul, sans rien dire alors que je ne lui avais rien demandé. Et quand je me suis arrêté devant le concessionnaire, que je suis descendu et me suis retournée, j'ai vu le cauchemard : mon châle chéri entortillonné jusqu'au dernier millimètre de ses franges de coton autour de ma chaîne....aïaïaïe!!!!
Me voilà donc sous le cagnard de 15h10, accroupie au pied de mon vélo, à tenter de démêler les brins sans les casser, à évaluer une situation pénible : je vais perdre beaucoup de temps à retirer mon châle, qui risque d'être sacrément endommagé, je vais m'user les nerfs à pester contre les fabriquants de vélos qui ne prévoient jamais l'option enroulage accidentel de châle brésilien, à sermoner mentalement le ou les mâles de cette concession automobile qui me voient forcément en panne à travers la vitrine et qui disposent, forcément, en plus de leurs hormones de sauveurs de dame en détresse, des outils adéquats pour faire la peau à cette traîtresse de roue.
Et là le miracle s'est produit.
Je ne me suis pas énervée, non, mais alors pas du tout, parce que, comme je l'ai dit, mon compteur zénitude affichait "plein", que le retard à l'école était de toutes façon consommé, et que le soleil réveillait mon esprit du sud, celui qui met ses orteils en éventail et attend que ça se passe.
Et j'ai alors cru rêver accroupie quand j'ai entendu dans mon dos "Nani arismasu ga?" (mais qu' y a t il?), de ce ton compatissant qu'emploient les bons docteurs avec leurs patients les plus atteints. Il y avait comme dans une pub axe un jeune homme en combinaison zippée de garagiste mais propre et rouge qui me souriait dans le contre jour. Allais-je être ennivrée par des essences de musc viril en me relevant à sa hauteur? Allais jeter mes lunettes à terre comme la fille du spot pour perpétuer le charme?
Je vous rappelle que je n'habite pas dans un spot de vapo aux poncifs éculés, alors évidemment non, ce jeune homme n'était pas là pour crâner toutes aisselles au vent. Il m'a montré la voiture que je n'avais pas entendue à ma droite et qui attendait que je veuille bien bouger mes fesses pour aller se garer sur le parking.
Soit.
Néanmoins, l'homme zippé de rouge m'a gentiment aidé un sourire en coin à démêler l'échevau multicolore, en faisant tout bêtement...rouler la roue en sens inverse.
Je suis repartie un peu humiliée de ne pas y avoir pensé moi même, mais sans me départir de ma bonne humeur vissée aux neurotransmetteurs.
17 commentaires:
Quel bonheur ce petit récit ou manifeste de comment rester Zen... en toutes circonstances.
J'ai bien ri, sûrement parce que ça me fait penser que je ne gère pas du tout le Zen en ce moment, mais alors pas du tout ! En tous cas merci pour ce petit moment dédrammatisant, c'est important.
PS: c'est quoi sur la photo ???
Mais qu'est devenue cette énooooooorme grenouille, repartie avec monsieur Rexona ??
Et moi je pense à Isadora Duncan à qui il est arrivé la même chose ! Sauf que :
-ça n'était pas un petit châle brésilien mais un foulard.
-elle ne le portait pas pour se protéger de la clim' mais pour ne pas être décoiffée par le vent.
-elle roulait dans une décapotable et pas à vélo.
-elle conduisait quand son foulard s'est pris dans l'essieu de la roue de la voiture.
-elle est morte.
-elle n'avait sans doute pas mangé d'excellentes sobas avant.
-et je suis à peu près certaine qu'elle n'avait pas égaré son stylo 8 couleurs ET qu'elle n'avait pas atteint ton degré de zénitude !!!
Bref : je suis contente que ton châle se soit pris dans la roue alors qu'il était dans ton panier et pas autour de ton cou !!!!
Et je suis super admirative devant ta décontraction !!! Puisses-tu la garder intacte pendant une semaine !!!!!!!
toujours un plaisir de vous lire
A d'autres le coup du châle dans la chaîne !!! Tout ça pour aller draguer Michael Schumacher ! ...pfff
Merci caissier, merci flo!
et tatika, la grosse grenouille n'est pas mr.rexona transforme car je ne l'ai pas embrasse, mais juste un jouet qui nous a bien fait rire et qui etait quand meme vraiment lourd ; donc inutle de supplier, on le ramenera pas!
Gwensan, moi aussi j'ai pense a elle et je me suis dit que mon destin etait certes moins glamour, mais a l'issue tellement plus sympa!
et puis inosushi, moi aussi je suis decue que malgre mes epaules nues, mon desarroi et sa combi zippe, notre relation n'ai pas vraiment decollee...
Mais dis-donc, je te rappelle que tu es mariée !!
Je sais, je sais, tu parles d'un argument.........
éééhhhh, c'était nettement moins glamour avec Benoît et ses chutes successives...pas de demoiselle Obao pour le relever..
et oui pauvre benoit, il a eu beau embrasser le pave deux fois de suite, personne n'a marche dans sa combine!
oui je suis mariee c'est vrai, et pis la combi rouge etait pas trop mon genre...c'est pour vous faire fantasmer tout ca!!!!
Pour le fantasme, t'as parfaitement réussi !! Je m'voyais déjà avec Kazuya Takuya en combinaison rouge, non mais franchement !! J'ai arrêté le vélo depuis qu'à 16 ans ma robe jaune préférée, un peu longue il est vrai, s'était retrouvée justement complètement prise dans la chaîne... irrécupérable de traces noires... souvenir douloureux sniff sniff (;-;)
kazuka takuya? c'est qui?
Mais QUI n'a pas fait l'expérience désastreuse de l'enroulage de textiles dans la chaine de vélo ? Heureusement ça se fini bien la plupart du temps. Avec ou sans musclor pour nous aider (personnellement... je préfère sans !)
C'est qui Kazuka Takuya ? Un mécano zippé ?
bon alors vous PROMETTEZ de pas vous moquer, hein ?
bon on va dire que oui...je prends le risque : Kazuya Takuya est un acteur japonais, il a fait beaucoup de dramas (tendance "sport" ces dernières années : aviation, hockey, et F1 d'où le côté "mécano" zippé) et aussi 2046 où il était.. enfin bref, je l'aime beaucoup on va dire
allez j'assume jusqu'au bout :
http://img166.imageshack.us/img166/340/takuyakimura16iw.jpg
http://img350.imageshack.us/img350/3011/040815fm8wm.jpg
bon ben voilà qui c'est Kazuya Takuya... j'assume j'assume
ok Elsia, je vois...
et j'ai pas ri, t'as vu?
me reste plus qu'a choper les dramas en question alors.
merci de ta sollicitude :-)
J'espère que tu l'as remercié comme il se doit, Kazuka Takuya?
Mais qui est il réellement? Moi je crois que tu as eu affaire à un super héros très connu au japon: SuperVéloMan. Il apparait, surgissant de nulle part, quand quelqu'un à un problème de vélo. Son arme secrète: le rayon zen-attitude, dont tu as pu vérifier les bienfaits. Voilà qui explique tout!
En tout cas, comme B. a pu le tester auparavant, SupervéloMan a l'air plus prompt à sauver de jolies dames en détresses que des cyclistes masculins en détresse...
Very pretty design! Keep up the good work. Thanks.
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