Dimanche 16 octobre 2005, il est 16h10 à tokyo. Je suis assis sur un fauteuil sans pieds à ras le sol (ne cherchez pas il n’y en a qu’au japon) dans notre appartement de kamiyama-cho.
J’essaye de décortiquer les offres des différents opérateurs de téléphonie mobile du japon (KDDI au, vodafone, NTT docomo).C’est sacrement compliqué avec en plus un manuel tout en japonais et une foultitude de modèles qui intègrent le téléphone, les e-mail, la vidéo, l’appareil photo, la télé et le GPS.
Gaëlle-san est en train de finir sa leçon de japonais avec le Cd-rom ASSIMIL, Judith dort et Garance nous fait un spectacle de pom pom girl en faisant claquer ses talons sur le plancher. La luminosité commence à s’infléchir. Une après midi dominicale très classique en somme.
C’est à ce moment précis que le sol s’est mis à trembler. On ne peut pas vraiment dire trembler, je pense plutôt à ondoyer. Oui, ondoyer est le terme exact. Moi qui n’avais subi des tremblements de terre que dans les films, et croyez moi, c’est très mal rendu au cinéma lorsque vous êtes mollement assoupis au fond d’un fauteuil mou et stable. C’est pas un vulgaire mouvement de caméra (un pauvre stagiaire qui secoue le cameraman) qui pourrait en effet rendre perceptible cet ondoiement si particulier. En plus ça ne fait pas de bruit. Je ne sais pas si celui que l’on a subi (un bien grand mot !) était important sur l’escabeau de Gerard Richter, mais l’a quand même bien senti. Ca a duré, allez, 20 secondes pendant lesquelles on s’est regardé, comment dire, interloqués avec Gaëlle-san. Seule la véranda a fait un bruit bizzare. Je comprends mieux peut être maintenant les 3 grosses poutrelles de béton armé qui barrent notre plafond (Je passe dessous tout juste). Pour faire plaisir à mes ex copains de régiment je peux dire maintenant que je ne suis plus puceau du tremblement de terre. Bisque, bisque, bisque….
A moderate earthquake occurred at 07:05:42 (UTC) on Sunday, October 16, 2005. The magnitude 5.0 event has been located in NEAR THE SOUTH COAST OF HONSHU, JAPAN. The hypocentral depth was estimated to be 40 km (24 miles). (This event has been reviewed by a seismologist.)
Location | 35.989°N, 139.762°E |
Depth | 39.5 km (24.5 miles) |
Region | NEAR THE SOUTH COAST OF HONSHU, JAPAN |
Distances | 35 km (20 miles) N of TOKYO, Japan 75 km (50 miles) WSW of Mito, Honshu, Japan 75 km (50 miles) SE of Maebashi, Honshu, Japan 115 km (70 miles) ENE of Kofu, Honshu, Japan |
Location Uncertainty | horizontal +/- 8.2 km (5.1 miles); depth +/- 9.9 km (6.2 miles) |
Parameters | Nst= 74, Nph= 74, Dmin=152.3 km, Rmss=0.75 sec, Gp=126°, M-type=body magnitude (Mb), Version=6 |
Source | USGS NEIC (WDCS-D) |
S’en est suivie une longue explication à Garance sur la raison d’être d’un tremblement de terre, et comme la tectonique des plaques c’est pas facile a expliquer à une fillette de 4 ans je lui ai dis qu’il y avais sous Tokyo un énorme lombric blanc et annelé de 187 mètres de diamètre qui passait pratiquement tout son temps à dormir et que l’on nommait Gaku-on. Mais qu’il arrivait des fois à Gaku-on de se retourner, comme quand on dort sous la couette et que comme il était très gros et pas si mou que ça, ça faisait trembler la terre. Evidemment comme je suis un bon père et que je n’aime pas me réveiller la nuit pour consoler les petites filles qui ont cauchemardées à propos d’un lombric géant, ce n’est pas vraiment ce que je lui ai dis. On va dire que j’affabule un peu.
Avant de subir notre premier tremblement de terre nos avons été visiter l’école matsumura à l’occasion de la petite fête organisée par de dévouées maîtresse pour rendre honneur aux ogres qui mangent les enfants pendant qu’ils dorment. Yaki-soba et hot dogs sous la pluie dans la cour transformée en mare boueuse. Brocante de jouets et habits d’enfants et spectacle de marionnette ou un ogre mangeur d’enfant se bat contre un lombric gigantesque. L’école nous a semblé très bien, même si dans les faits c’est plutôt une garderie qu’une vraie école. Il va falloir que l’on veille nous même au développement intellectuel de nos têtes blondes. Comble du raffinement une maman qui parle un français impeccable et des maîtresses maîtrisant parfaitement l’anglais, quel bonheur. Nous y avons engloutis nos soba avec un de mes collègues de labo et sa femme étant venu sur mes conseils quérir des jouets bon marché pour son petit bout de un an. Puis Gaëlle-san et les filles ont assisté à un spectacle de marionnettes mettant en scène une châtaigne, un bambou, un singe et une abeille se courant après en criant « KUN, KUN, KUN, KUN, KUN…..KUN, KUN,…..KUN !!!! » (Prononcer coun et non pas Kuhn…)
Intervention inopinée je ne peux m’empêcher de rajouter mon grain de sel, parce que ce tremblement de terre somme toute sûrement minus (ouais mais quand même !!!)***on apprend quelques heures plus tard par des coup de fil de France qu’il était en fait assez fort- va nous faire parler un bon moment. Un tagada geant de fête forraine surgit de nulle part nous a agité les fesses ; j’ai d’abord incrédule regardé le canapé sur lequel je potassais mon japonais, parce que ce mouvement vibrant et répétitif, pour moi c’était forcément une machine, ou une colonie de termites enragées qui broient les pieds du canapé, le karcher du voisin, une mobylette mal embouchée, ou une cireuse de parquet. Mais le plus impressionnant est qu’une fois qu’on a eu compris et eu osé nommer la chose avec nos yeux tous ronds et sans un mot, on attendait la fin pour voir, et aussi pour se raconter ; mais elle était où cette fin, c’est long 20 secondes quand on attend ! Bref, on a beau être au pays où il y a des tremblements de terre, on n’y croit jamais vraiment quand ça arrive. Du coup Benoît s’est jeté sur notre guide pour potasser les mesures à prendre et je sens que bientôt on fera des exercices de simulation…..