dimanche 9 avril 2006

Judith dans la cour des grands

Samedi matin, l'empereur moi même et les princesses sont venus à l'école non pas pour se serrer les pinces mais pour y accomplir la rituelle intronisation des nouveaux élèves.

Comme de bien entendus nous étions en retard, bien entendus nous n'étions pas réveillés, et bien entendus nous avions l'air quelque peu échevelés.

Dès la grille, monsieur le comptable à lunettes qui sourit tout le temps court à notre rencontre et nous mime le téléphone. Ah oui on a essayé de nous joindre? Bon il est 10h10, ce qui fait 10mn de retard, certes, mais pas de quoi appeler la police non plus.
On court à sa suite dans la chapelle où se déroule la cérémonie.
Oui l'école a une chapelle, petite sobre et sans crucifix ni autel, mais qui sert bel et bien d'office à religion. Les cours de cathé y sont dispensés, et les filles n'y vont pas. D'autant que le cathé c'est le samedi matin....

Donc on se déchausse, Sensei Numéro trois, une nouvelle, chope Judith et l'entraine au devant des bancs, là où sont alignés ses petits camarades, tandis qu'on s'asseoit, discrètement, le croit-on, au fond sur un banc libre.

C'est surprenant d''être ici les yeux à peine ouverts, alors que tout le monde est frais et bien droit sur son banc. On mate un peu pour prendre le train en marche, et stupeur (et tremblement) tout le monde est méga sappé. On se croirait à une communion, ou un baptême, à une de ces réunions sacrées où les grands parents se sont déplacés avec leur caméra digitale, où les nouvelles cravates fleurissent, et où les Sensei ont du rouge à lèvres et des tailleurs asortis.
Bigre!
Benoît se sent mal à l'aise, pas rasé en jean et basket, et pour ma part je m'en tire bien puisque par le plus grand des hasards, je porte une chemise blanche et un pantalon noir.
Et puis après, à part les habits du dimanche et les bébés qui pleurent, c'est tout comme d'habitude : Mamie Directice en fauteuil roulant et micro en main qui félicite les nouveaux élèves, les Sensei qui se courbent et se présentent un à un, les chuchotements entre deux papiers "où est le discours suivants?", panique feutrée et petits pas pressés, Sumiko sensei au piano pour entonner un chant sans doute des plus glorieux.
On sort ensuite, on récupère nos chaussures, fastoche, les seules au milieu du chemin, et on sort pour la photos de groupe. Le photographe porte catogan, c'est pour ça qu'il est photographe et court à grandes enjambées entre son appareil sur pied et les gradins pour régler d'un geste précis, un trou dans une rangée, une chaise mal alignée. Et puis crie de sourire au moment M avec une banane qui ferait rougir son dentiste de honte. On avait déjà remarqué que les dentitions japonaises n'étaient pas des plus soignées mais cette bouche là obtient sans aucun doute la palme. Dommage dans un métier où la principale parole est justement "souriez!".
Et puis on s'éparpille ensuite, Judith retrouve sa classe pour prendre possession des lieux avec ses petits camarades, tandis qu'on discute à gauche à droite. Norito m'apprend qu'on devait être présent à 9h30, et rajoute, pour nous rassurer dans notre erreur, que ce n'était inscrit nulle part et que de toutes façons c'est pas grave.
N'empêche, on voit bien qu'on est pas de là et qu'on n'a rien compris. Une des maitresses me tape dans le dos en riant et en faisant "moshi-moshi", et ça vaut toutes les traductions : "ah ces Charlots, toujours à la rue ! c'est qu'on vous cherchait partout!".
Et de conclure en nous raccompagnant : "ca n'existe pas ça, en France, hein?"
Ben non, y a pas de cérémonie d'entrée en France, (mais ça nous avait quand même pas empêchés d'arriver en retard le jour de la rentrée), et cette nouvelle a l'air de la ravir encore plus.

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