Lauren, notre Texanne préférée est venue nous voir à Tokyo depuis Nashville, Tenessee. Un petit rappel pour ceux qui ne suivaient pas. Nous avons connu Lauren l'an dernier par une petite annonce de baby sitting sur internet, elle est ensuite venue à Grenoble tous les mercredi garder Judith-chan pendant que Garance allait faire ses entrechats en tutu rose de princesse.
Et puis Lauren est tellement charmante qu'elle est devenue notre amie et qu'elle est passée nous voir au Japon. Pour voir si on s'habituait à vivre comme des immigrés, comme elle l'a été pendant une année a Gre.
Lauren aime les glaces et les gâteaux.Lauren s'est envolée samedi matin. On l'a emmené au bus orange de l'hotel Excell puis on s'est sentis tout cons, comme à chaque fois que quelqu'un nous quitte. Nous on reste parce qu'on habite ici, mais en meme temps c'est pas vraiment chez nous. Bien que l'on connaisse maintenant toutes les ruelles du quartier, on change de regard quand on les arpente avec des amis qui, eux les découvrent pour la premiere fois. Alors pour se consoler on est aller en vélo à Simokitazawa pour une balade de fin de journée. Devant le magasin LUSH il y avait une fille qui jouait avec de la mousse de savon. Evidemment les filles ont accourues et ont soufflé sur la mousse pendant 30 minutes en aspergeant tous les passants.
Benoît san m'a appris un nouveau mot qui, paraît-il, existe réellement : c'est le mot tatamisation.Ca ressemble à tatanne, certes, et c'est rigolo pareil. On dit que les gaidjins sont tatamisés, du mot tatami sur lesquels on dort, quand ils ne supportent plus de porter autre chose que des chaussettes à doigts, ne mangent plus que des ramens en faisant force slurps de satisfaction, se mettent à détester Uncle Ben's et sont incappables de resquiller dans le métro.
j'ai appris ce mot à l'occasion de la venue de Lauren, avec qui on dînait donc, et à qui on parlait des tous ces visages pâles venus conquérir le pays des prunes salées. J'ai dormi sur ce mot tranquillement, et le lendemain, qui était le jour du départ de Lauren, j'ai commencé à cogiter sec. Lauren avait ses valises pleines de souvenirs et de cadeaux pour sa famille, son billet d'avion dans sa poche, et elle rentrait chez elle. Je me suis alors souvenu que moi je n'étais en fait pas chez moi, malgré ma connaissance de shibyua, ma routine quotidienne, l'indifférence que j'accorde aux japoniaiseries qui ont fait faire "woua" à Lauren.
Je me suis rendue compte que je ne mangeais qu'avec des baguettes, et ce, même si on dîne à la maison (sauf si c'est de la soupe), que j'étais accro à la douche sans chauffage et au bain brulant dans une baignoire profonde et sans mousse, que les magasins de chaussettes et autres collants sans pieds sont mes chouchous pour la vie alors que j'ai auparavant toujours haï ces trucs informes qu'on se colle aux pieds pour qu'ils ne deviennent pas bleus et dont la seule fantaisie est de s'orner de motifs idiots qui de toutes façons, même cachées sous des baskets hype, jureront avec tout ce que l'on portera. J'ai un cendrier de poche et suis capable de trainer avec moi mes mégots pendant des kilomètres si je ne l'ai pas pris. Je suis fan des distributeurs de boissons, pro du vélo à gauche et sur le trottoir, assidue aux lingettes et autres serviettes de poches (j'en ai encore acheté des Miffy, bien sur), je démarre une collection de bento (boite à déjeuner), et comble du comble, suis entrée pour la première fois chez Viron, fameuse boulangerie de Shibuya, mais française, oui madame, tellement française qu'on guette le p'tit air d'accordéon....avec Lauren.
Par effet de miroir auprès de Lauren, je me suis souvenue que je n'étais pas de là, que mes yeux, quoi qu'on en disent ne sont pas bridés, mes cheveux pas noirs et que mon pays n'était pas celui-là. Que j'avais du mal à m'habiller ici, car entre les tailles (aïeaïeaïe) et la mode (crumcrumcrum), je ne trouvais pas chaussure à mon pied. Et de voir les ravissantes ballerines de Lauren m'a rapellé que moi aussi j'adorais en porter, et en acheter plein de paires, alors qu'ici je projette de craquer pour un modèle pointu rose à paillettes ou des chaussures d'ouvrier (à doigts). C'est drôle, mais j'avais presque oublié tout cela.
Merci Lauren de ta visite, on a passé de bons moments, et surtout, merci Lauren de nous avoir dit qu'on était...français!
Et ben voilà, je finis de lire ce bel hommage à Lauren, la larme à l'oeil...en fixant cette même bouteille de Perrier que toi madame Gâ, tout essayant de comprendre ce qu'elle représente là-bas dans tes tites menottes de french girl......
RépondreSupprimeroui c'est un peu la double vie de veronique par moment....mais helas, au retour, je n'aurais pas vecu en parallele et aurais bien deux ans de plus...
RépondreSupprimeralors tu es bien arrivee!!
RépondreSupprimerj'espere que tu n'es pas trop crevee;)
bon, apres grenoble, tokyo, on se voit donc a Nashville, c'est ca ??....
a tres bientot!
Et il a rougi, Benoit, en lisant le commentaire de Lauren ?!!!
RépondreSupprimeroui, lauren et G., rougir...de plaisir...
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