jeudi 9 février 2006

Civet de civelles et montagne de makis


Quand on est français, élevé au bon goût, aux bons plaisirs et à la bonne chère, on se débat parfois lors de vaines tentatives pour larguer ses penchants naturels qu'on devine irritants, et qui reviennent dès qu'on à le dos tourné (mais étaient-ils vraiment partis?).


Je le sais désormais avec certitude, et par effet de contraste (saisissant) : les français sont des râleurs professionnels, pratiquant l'ironie et ne laissant jamais passer l'occasion de faire un bon mot sur le dos de tout et n'importe qui.
Les français sont exigeants et parfois,
pour les plus typiques d'entre eux, capricieux ; ainsi quand ils n'obtiennent pas ce qu'ils avaient imaginés (et leur imagination galope plus vite que ne monte la mer au pied du Mont St Michel), ils râlent.
Les français adooorent parler du temps, celui qu'il a fait et celui qu'il fera, se ménageant avec une facilité liée à une répétition navrante, une conversation qui les amènera invariablement a se plaindre et à râler quelque soit la saison.
Les français sont intéressés par leur estomac, leur frigo et leurs casseroles, et sont passés professionels dans l'art d'accomoder de vieux souvenirs de bonbance avec leur présent coup de fourchette, à l'heure des repas, histoire d'étaler leur culture culinaire qui se doit d'être énorme et irréprochable, afin de comparer et de mieux... râler.

Et moi la première, pourtant terriblement ennuyée à l'idée de discuter bouffe, je ne résiste pourtant pas à montrer au monde entier le contenu de mon assiette.


Extraordinaires, ne le sont-il pas, ces rouleaux de riz au poisson, concombre ou omelette ceinturés d'une fine feuille d'algue ? Epatant et fascinant, ce pot pourris de mets inidentifiables finement hachés où l'on reconnait, au moment où l'on s'apesanti sur ses couleurs, les poissons les plus petits que la mer ai vu nager, pelés, vidés (je ne saurais être catégorique, et pourtant), à l'oeil rond et noir, blanchis et tordus en virgule blanche?
Judith en a chopé un des ces doigts menus et l'a examiné de près, afin de faire tomber son verdict : "oh le pody poisson, il est mignon", pour mieux assoir sa sentence de langue tendue et de machage assidu. Oui Judith aime le poisson, le cru, le roulé-ceinturé de nori, le petit mignon en virgule. Celui allongé nonchalament sur son traversin de riz vinaigré, celui rouge et gras qui fond dans la bouche.
Garance fronce les sourcils et secoue la tête, non aucune des ces bestioles sous quelque forme qu'elle soit ne foulera son palais, elle préfère les voir nager dans leurs bocal (sur le buffet), leur mare (à l'école) ou dans la mer.


Je ne résiste pas à montrer nos assiettes, ou plutot disons que je m'accomode des photos que mari-chéri me glisse dans la fenêtre "message", car ça a l'air important pour lui de disserter de nos repas. Faut-il y voir un message codé :" Gaëlle cuisine toujours aussi mal, et préfère se taper une bière qu'elle n'aime pourtant pas plutôt que de nous préparer un repas décent" ?
Et bien je serais l'exception culturelle, car en dépit de ces douteuses insinuations, je ne rentrerais pas dans ce culinaire débat, et laisserais au bon soin de chacun de voir dans cet étalage gastronomique ce qu'il voudra bien y voir.
Parce que moi qui n'y connais rien et rate salades et crumble de débutants, je ne vais pas, EN PLUS, donner mon avis.




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